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Dans un univers encore largement dominé par les hommes, Zoé Knebler et Ellie Dax prouvent que le karting est aussi une affaire de femmes. L’une a 24 ans, l’autre 17, et toutes deux partagent la même passion pour la vitesse, la compétition et le dépassement de soi. Rencontre avec deux pilotes qui tracent leur propre trajectoire sur les circuits européens. 

Pour Zoé comme pour Ellie, tout a commencé en famille. Zoé, aujourd’hui pilote pour CG Motorsport, a grandi dans l’univers des courses automobiles grâce à son père. «Il m’a acheté un kart à quatre ans, mais je n’ai eu ma première licence qu’à six ans.» Ellie, de son côté, a été inspirée par son père également : «Il s’en était acheté un, et j’ai dit : “Moi aussi, moi aussi!”» 

Si Zoé a commencé les compétitions dès 2012, Ellie, qui court pour Victory Lane, a débuté plus récemment, mais avec tout autant de détermination. Après une première année d’essais, elle s’est lancée en compétition il y a deux ans. 

Entre technique et préparation physique 

Les deux pilotes évoluent dans la catégorie X30, avec des karts équipés de moteurs IAME de 32 cm³ pouvant atteindre 127 km/h.  Toutes deux ont déjà roulé sur la piste de karting de Mondercange en signant des chronos compétitifs, autour de 35 – 40 secondes au tour avec des karts de compétition. Une performance qui témoigne de leur maîtrise technique et de leur vitesse, sur un tracé exigeant où le record est de 34,6 s sur un Super X30. 

Zoé participe activement à la préparation de son kart avec l’aide de son père et de son frère, tandis qu’Ellie avoue devoir encore apprendre en ce qui concerne la mécanique. 

Côté physique, l’entraînement est rigoureux. Ellie s’entraîne deux fois par semaine en salle de sport pour rester en forme. Les week-ends de course sont intenses : départ dès le mercredi ou jeudi, retour le dimanche soir. Zoé, qui jongle avec ses études universitaires, participe à un rythme un peu plus modéré, mais reste très investie. 

Une compétition mixte, un esprit combatif 

Dans un peloton de 90 pilotes, les femmes restent minoritaires. «Il y a environ 82 hommes et le reste ce sont des femmes. C’est bien que nous courions ensemble, et que ce ne soit pas séparé comme dans d’autres sports», explique Zoé. Mais cela ne les empêche pas de se faire respecter. «C’est agréable de dépasser un garçon et de voir qu’il s’énerve parce qu’il a été dépassé par une fille», sourit-elle avant d’ajouter « et puis s’il s’énerve, c’est bien pour moi car il va commencer à faire des erreurs sur la piste et perdre du temps ». Ellie ajoute : «Il y a parfois des comportements stupides, mais en général, on est respectées.» 

Elles participent aussi à la Ladies Cup, une course 100% féminine organisée en France dans le cadre de l’Eurocup. «C’est spécial, car cela n’existe que depuis cinq ans. Maintenant, c’est devenu international, avec des filles venues du monde entier, même d’Australie.» 

Zoé et Ellie incarnent une nouvelle génération de pilotes féminines, talentueuses, ambitieuses et passionnées. Leur présence sur les circuits rappelle que le karting, comme tout sport mécanique, n’a pas de genre. Et que la ligne d’arrivée est ouverte à toutes celles qui osent s’y engager.  

Le sport mécanique féminin, une tendance en pleine accélération 

Le parcours des deux pilotes luxembourgeoises s’inscrit dans une dynamique plus large : celle de la montée en puissance des femmes dans les sports mécaniques. Un phénomène de plus en plus mis en lumière avec l’essor de nouvelles compétitions féminines comme la F1 Academy. Pour rappel, il s’agit d’un championnat de course automobile (sur formule 4) entièrement féminin, lancé en 2023 par Formula Motorsport Limited, l’organisme qui gère également la Formule 2 et la Formule 3, où 15 pilotes participent, dont 10 soutenues par les écuries officielles de F1. Ce championnat vise à offrir une plateforme professionnelle aux jeunes femmes pilotes, afin de leur permettre de progresser vers les plus hauts niveaux du sport automobile, notamment la Formule 1. 

Des chiffres encore modestes, mais en progression 

Au Luxembourg, on comptait 321 licenciés en sport mécanique en 2024, dont 23 femmes. Cela représente environ 7% de femmes, un chiffre encore faible mais en hausse. À titre de comparaison, entre 2020 et 2022, la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) recensait à peine 5% de femmes parmi ses licenciés à l’échelle mondiale. Des chiffres qui montrent que la féminisation du sport automobile est en marche, même si le chemin reste long.