Circulation en inter-files légalisée en France. Et au Luxembourg ?
Parole de membre – Vos contributions
Dans cette nouvelle rubrique, nous voulons vous donner la parole, connaître vos analyses, vos décryptages, vos coups de cœur et vos coups de gueule en lien avec la mobilité.
En France, un arrêté du ministère de l’Intérieur du 9 janvier 2025 a finalement légalisé la pratique de l’inter-files sur tout le territoire français, ceci après maintes campagnes d’expérimentation successives, menées dans divers départements.
C’est quoi l’inter-files ?
Selon le ministère français, « la circulation en inter-files consiste à circuler en deux ou trois roues motorisés entre les voies les plus à gauche d’une chaussée, lorsque les files des autres véhicules sont à l’arrêt ou roulent à vitesse très réduite ». Dans le détail, les deux-roues et trois-roues motorisés sont autorisés à dépasser dans la limite d’une vitesse de 50 km/h maximum et avec un différentiel de 30 km/h par rapport aux autres véhicules circulant sur les autoroutes et les voies rapides, et ce uniquement lorsque le trafic est dense.
Et au Luxembourg ?
Se faufiler entre les véhicules dans les embouteillages est considéré comme un dépassement par la droite et coûte la somme de 74 euros selon la police grand-ducale. Mais cette menace ne semble pas décourager trop de motards d’utiliser cette manœuvre dans les bouchons. Force est de constater que, déjà maintenant, l’inter-files se pratique couramment sur les routes de notre pays.
Tout de suite, on pense à cette catégorie de motards abrutis qui, confondant l’autoroute avec un circuit MotoGP, foncent à toute vitesse entre les files de voitures à l’arrêt et mettent ainsi en danger leur propre vie et celle des autres.
Puis il y a ceux qui pratiquent l’inter-files en adaptant leur vitesse sans prendre de risques inutiles, en s’arrêtant si nécessaire. Bien sûr, sans oublier les motards qui préfèrent rester derrière des véhicules à l’arrêt, tout en s’exposant au risque de se faire écraser par des voitures ou des camions qui suivent, ou d’attraper un coup de chaleur en été.
Après diverses demandes de la part de motards (pétitions, p. ex.) et d’organisations (comme l’ACL) de légaliser la pratique de l’inter-files, le gouvernement luxembourgeois, dans le passé, a déclaré l’interdire tout court (comme en Allemagne), en stipulant que ce fameux corridor de secours (« Rettungsgasse ») devrait rester dégagé.
En réalité, cela ne fonctionne pas comme prévu. Certains automobilistes restent cloués au milieu de leur voie et ont du mal à se ranger sur le côté (plus qu’un deux-roues d’ailleurs) au cas où un véhicule de secours aurait hâte de passer. D’autres ont compris que c’est dans l’intérêt de tous les utilisateurs de la route de partager l’espace limité et dirigent leur véhicule vers la glissière de sécurité avant que le trafic ne soit à l’arrêt.
Après la légalisation de la circulation en inter-files en France, on va certainement faire face à une augmentation de cette pratique au Luxembourg, principalement sur les autoroutes A3 et A4. Il est peu probable que les motards français et autres se rangent de nouveau dans la file d’autos après avoir traversé la frontière luxembourgeoise le matin, uniquement pour allonger ainsi les bouchons. Mais attendons le retour du beau temps pour voir évoluer les choses !
Au vu de ce qui précède, n’est-il pas temps d’adapter la législation à la réalité au lieu de croiser les bras ? Le décret français a le mérite d’autoriser l’inter-files dans un cadre de sécurité défini, tout en contribuant à décongestionner les routes pour tous ses utilisateurs.
Tags