« La Bertone, c’est une voiture plaisir »
Paul Welbes, passionné de voiture ancienne, présente son Alfa Romeo GT Bertone Junior 1300 de 1975 et nous parle de son amour pour les Porsche à moteur avant.
Paul Welbes :
Ma passion pour les voitures anciennes est née un peu par hasard, grâce à un ami qui m’a embarqué dans l’organisation d’un rallye en 2006. C’était un jour férié, je n’avais rien de prévu, alors je me suis dit : pourquoi pas ? J’ai découvert l’univers des rallyes classiques, et en voyant toutes ces belles voitures, je me suis promis qu’un jour, j’en aurais une moi aussi.
Paul Welbes :
Étant né en 1973, je suis un peu plus âgé que ma voiture, une Alfa Romeo Bertone 1300 de 1975. J’ai longtemps hésité avant de me lancer. Les anciennes Porsche me plaisaient beaucoup, mais elles étaient hors budget. Puis je suis tombé amoureux des Alfa Romeo, et plus particulièrement du modèle Bertone. C’est une voiture au design avant-gardiste, agréable à conduire, relativement moderne pour son époque, et assez facile à prendre en main.
Paul Welbes :
Oui, elle a une belle histoire. Je cherchais une Bertone avec la calandre à double phare. Un ami collectionneur m’a un jour proposé la sienne. Il voulait réduire sa collection pour acheter une autre voiture. Elle était dans un état exceptionnel : bichonnée, silencieuse, sans défaut. Il a longtemps hésité à me la vendre, mais il a fini par accepter, heureux de la confier à quelqu’un de passionné. Elle vient du lac de Côme, en Italie. C’est là qu’il l’a trouvée, grâce à un coiffeur passionné de voitures anciennes qui lui a parlé d’un médecin local prêt à la vendre. Il est allé la voir, l’a achetée, puis l’a ramenée au Luxembourg avec un ami. Il l’a gardée un certain temps avant que je ne la reprenne.
Paul Welbes :
Presque. La peinture a été refaite, tout comme l’intérieur, car à l’époque Alfa Romeo ne proposait pas de skaï. La couleur est assez rare : un prune aubergine, appelé « prugna » en italien. On peut d’ailleurs voir sous le capot une plaquette avec les codes couleurs d’origine. Beaucoup de gens me demandent de quelle teinte il s’agit, car ils s’attendent à voir du rouge vif. Ce qui est amusant, c’est que beaucoup pensent, à cause des doubles phares, qu’il s’agit d’une version deux litres. Mais en réalité, à la fin de 1975, Alfa Romeo a commencé à rationaliser sa production en utilisant des pièces communes pour les différentes cylindrées. Certains éléments visuels peuvent donc prêter à confusion. Mais si l’on regarde les feux arrière, plus petits, on comprend qu’il s’agit bien d’une 1300.
Paul Welbes :
Oui, c’est ce qui rend ce modèle particulièrement intéressant. C’était une voiture sportive, mais aussi adaptée à un usage familial. Lors du dernier ACL Classic Tour, j’ai parcouru plus de 200 kilomètres avec un ami. On n’est pas les plus légers, ni lui ni moi, mais la voiture a très bien tenu la route, même dans les montées de l’Oesling. Il faut simplement veiller à garder le moteur dans les tours, car si l’on rétrograde en troisième en pleine montée, on sent tout de suite le manque de puissance. Mais à part ça, je n’ai aucun mal à suivre le rythme des voitures plus modernes, même celles des années 90.
Paul Welbes :
Les propriétaires, comme moi, sont généralement des collectionneurs. On ne les utilise plus au quotidien, mais dès que les beaux jours arrivent et qu’une sortie est organisée, elles reprennent la route. En général, je participe à trois à cinq rallyes par an. Parfois, je la prends pour aller au travail en été ou pour un afterwork. Mais dans la circulation quotidienne, c’est un peu compliqué.
Paul Welbes :
En réalité, tout a commencé parce que je n’avais pas le budget pour m’offrir une Porsche classique, notamment une 911 des années 90. J’ai longtemps cherché, mais les prix étaient trop élevés pour moi à l’époque. Alors, je me suis intéressé aux autres modèles de la marque. Il y avait la 928, conçue à l’origine pour remplacer la 911, avec un moteur à l’avant. Ensuite, je me suis tourné vers la 944, que j’ai mis du temps à trouver en bon état, car beaucoup ont été très utilisées. Finalement, je suis tombé sur la 968, et j’en possède aujourd’hui deux exemplaires. C’est une voiture équipée d’un moteur trois litres développant 240 chevaux. Elle est souvent sous-estimée, car elle ne correspond pas à l’image traditionnelle de la Porsche avec moteur arrière refroidi par air. Elle n’a pas non plus le son caractéristique du flat-six, mais elle compense largement par son équilibre. Grâce à sa configuration transaxle — moteur à l’avant, boîte de vitesses à l’arrière —, elle offre une excellente répartition des masses et une grande agilité dans les virages. C’est une voiture sportive, accessible, fiable, et qui permet de rouler en Porsche sans se ruiner. D’ailleurs, même chez Porsche, certains reconnaissent que ces modèles ont sauvé la marque à une époque difficile. Bon, je vais peut-être me faire quelques ennemis parmi les puristes, mais moi, je les adore.
Pour moi, Porsche reste l’une des meilleures marques automobiles. D’ailleurs, certains disent que sans les modèles à moteur avant, la marque n’aurait peut-être pas survécu aux années 70. À cette époque, les 911 étaient devenues trop chères, et les clients se tournaient vers des alternatives plus abordables. C’est ainsi que sont nées les Porsche à moteur avant, issues à l’origine d’un projet commun avec Volkswagen. Personnellement, je trouve ces modèles très polyvalents, fiables, faciles à entretenir, et agréables à conduire. Certes, elles n’ont pas le son mythique du flat-six des 911, mais elles ont d’autres qualités. Il existe aujourd’hui une vraie communauté autour de ces modèles. Quand j’ai rejoint le club Porsche Classic, j’étais l’un des rares à en posséder une. Aujourd’hui, environ 20 % des membres ont aussi une Porsche à moteur avant. Ce sont des voitures accessibles, au look discret, qui passent partout. Et moi, je les apprécie énormément. Je n’ai jamais été déçu. L’an dernier, j’ai fait un road trip en Italie avec des amis à bord de ma 968 : 2 700 kilomètres en quatre jours, sans le moindre souci. Autoroutes, montagnes, petits villages… elle s’est montrée à l’aise partout. Et en plus, j’avais de la place pour les valises ! C’est vraiment une voiture formidable.
Paul Welbes :
Je ne peux pas choisir entre les deux. La Bertone, c’est une voiture plaisir, idéale pour les beaux jours. Mais je ne me risquerais pas à faire 3 000 kilomètres à travers l’Italie avec elle, même si c’est une Italienne ! Avec la Porsche, en revanche, je pars l’esprit tranquille. Les deux ont une place particulière dans mon cœur. Étant né en 1973, ce sont surtout les voitures des années 80-90 qui m’ont marqué à l’adolescence. La Bertone, je ne la connaissais pas à l’époque, je l’ai découverte plus tard, et je la trouve magnifique. Mais elle reste une ancienne : ce matin encore, j’étais un peu stressé à l’idée de savoir si elle allait démarrer. Hier, elle a un peu perdu de l’huile… Il faut la ménager, la conduire avec douceur, faire attention à la surchauffe, surtout dans la circulation dense. Et les autres usagers ne sont pas toujours patients si vous ne démarrez pas au quart de tour. Avec la Porsche, je roule comme tout le monde. La Bertone, c’est une autre époque : la nuit, les phares sont faibles, le tableau de bord peu lisible… mais c’est aussi ce qui fait son charme.
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