Aller au contenu
Inscription

Newsletter

Quelles activités nous distraient en conduisant et pourquoi le multitâche nous dépasse rapidement.

Qui n’a jamais vécu cette situation ? Une brève inattention au volant, un événement imprévu, une frayeur… même sans conséquences. Pourtant, selon plusieurs études, l’inattention et la distraction figurent aujourd’hui parmi les principales causes d’accidents de la route. Nous oublions souvent que la conduite exige une attention totale. Il faut, par exemple, repérer un passage pour piétons, comprendre qu’une personne souhaite le traverser, et réagir à temps pour arrêter le véhicule.

Même si conduire semble facile et que reconnaître un passage piéton paraît simple, nos capacités cognitives – percevoir, comprendre et décider au bon moment – doivent rester pleinement mobilisées. En cas de danger imminent, toute distraction qui affecte nos facultés auditives, visuelles, cognitives ou motrices augmente considérablement le risque d’accident.

De nombreuses activités peu compatibles avec la conduite détournent rapidement notre concentration :

  • Distractions sonores : musique trop forte, enfants qui crient à l’arrière… tout cela perturbe notre perception auditive.
  • Distractions visuelles : regarder longuement par la fenêtre, se retourner vers les enfants ou les animaux, ramasser un objet au sol… Lire ou écrire un message sur son téléphone détourne le regard de la route pendant plusieurs secondes. Il en va de même pour l’utilisation de systèmes multimédias complexes ou la saisie d’une adresse dans le GPS. À 50 km/h, trois secondes d’inattention équivalent à 42 mètres sans regarder la route.
  • Distraction cognitive : c’est l’une des plus dangereuses. Nos pensées vagabondent, et des informations importantes passent inaperçues. Cela inclut les conversations prolongées avec les passagers ou au téléphone (même avec kit mains libres), les émotions comme la colère, les réflexions personnelles, les rêveries, manger ou boire, lire ou écrire des messages, ou manipuler des systèmes complexes.
  • Distraction motrice : manipuler un téléphone, la radio, le GPS, nettoyer le pare-brise, chercher un objet ou manger… tout cela éloigne les mains du volant, réduisant notre capacité à réagir en cas d’urgence.

Ces types de distractions peuvent survenir seuls ou en combinaison. Logiquement, plus elles sont nombreuses, plus notre attention diminue. L’exemple typique : écrire un SMS. Lors d’un sondage récent de l’ACL auprès de 6 298 personnes, 17 % ont déclaré écrire parfois des messages en conduisant, et 5 % le font souvent. Par ailleurs, 13 % naviguent parfois sur Internet au volant, et 5 % le font fréquemment.

Dans ce cas, la distraction est triple :

  • Motrice, car on tape sur l’écran et tient l’appareil.
  • Cognitive, car nos pensées s’éloignent de la conduite, surtout si le message est émotionnellement chargé.
  • Visuelle, car notre regard quitte la route.

Dans une telle configuration, notre cerveau ne peut plus prendre de décisions adaptées à la situation, ni évaluer les dangers de manière objective.

Même si les aides à la conduite modernes renforcent la sécurité, elles peuvent aussi donner une impression de conduite automatisée. Une certaine routine s’installe, et sur autoroute, l’ennui peut apparaître. Cela pousse certains à croire qu’ils peuvent effectuer d’autres tâches en conduisant – ce qui est rarement vrai. En réalisant deux activités en même temps, notre cerveau en relègue souvent une au second plan. Le multitâche est surestimé : en réalité, notre concentration chute rapidement face à des tâches successives.

Un effet secondaire non négligeable est que nous ne distinguons plus correctement l’essentiel du superflu. L’inattention sélective peut même nous rendre aveugles à notre environnement. Ainsi, même si les commandes vocales ou les kits mains libres réduisent la distraction visuelle, la distraction cognitive demeure.

Pour bien gérer toutes les tâches liées à la conduite, il est essentiel de garder le focus sur la route. Cela signifie : ne pas se laisser distraire par la radio, le GPS, les systèmes multimédias ou le smartphone – une évidence, en théorie.