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Il y a quelques mois, Steve Lemmer, agent du service routier à l’ACL, s’était lancé dans une aventure à moto à travers l’Espagne et le Maroc. Nous avions d’ailleurs pu le rencontrer avant son départ. Aujourd’hui, il revient sur cette expérience marquante, entre paysages spectaculaires, météo capricieuse et imprévus

Comment se sont passés les premiers jours de ton voyage ?

Steve Lemmer

Les débuts ont été très rudes. La météo était catastrophique : neige, froid glacial… Ma première étape s’est arrêtée au pied du massif du Morvan, en Bourgogne, après 560 kilomètres. Il faisait en moyenne 0°C. Le lendemain, j’ai roulé 860 kilomètres jusqu’au Massif central, où j’ai trouvé une autoroute complètement recouverte de neige.

 

 

Tu as ensuite traversé les Pyrénées. Comment cela s’est-il déroulé ?

Steve Lemmer

J’ai fait une pause à Urepel, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour consulter la météo. Elle ne s’annonçait pas meilleure, alors j’ai profité d’un jour d’accalmie pour rouler plus de 1100 kilomètres en une seule journée. J’ai passé douze heures d’affilée sur ma moto. Une fois arrivé au port pour traverser vers le Maroc, j’ai eu des soucis avec le ferry : une traversée qui dure normalement 1h30 m’a pris toute une journée.

Comment s’est comportée ta moto une fois arrivé au Maroc ?

Steve Lemmer

Mécaniquement, ma “Betty”, une BMW 1200 GS Adventure de 2009, a tenu bon. J’ai emprunté des pistes très techniques en Off Road, le châssis a touché le sol des centaines de fois, mais je n’ai eu à faire ni ajustement ni réparation. Cela dit, aujourd’hui, elle est très endommagée.

Tu as malheureusement eu un accident. Que s’est-il passé exactement ?

Steve Lemmer

C’était sur le chemin du retour, en Espagne, au troisième jour après avoir quitté Gibraltar. J’avais passé Malaga et je me dirigeais vers Grenade. Puis une heure après, j’ai remarqué des traces d’huile sur la route, j’ai ralenti. Mais dix kilomètres plus loin, ma moto a glissé. J’ai fait des tonneaux sur une quarantaine de mètres, la moto est passé au-dessus moi et est retombée dix mètres après moi. J’ai chuté vers l’avant, et je me suis cassé la clavicule en retombant sur mon épaule. La route était heureusement assez fréquentée, et les gens autour ont appelé tout de suite une ambulance et la police, puisque c’est la police qui se charge d’appeler les services de dépannage. La moto est comme je le disais très endommagée. Les réparations sont estimées à plus de 10 000 euros, pour une moto qui vaut actuellement autour des 13 000 euros.

Comment s’est déroulée ta prise en charge sur place ?

Steve Lemmer

Des automobilistes ont appelé les secours. L’ambulance est arrivée rapidement et je dois dire que le transfert à l’hôpital était plutôt rude, l’ambulance roulait sur des bosses, et je le sentais ! Par la suite, le service à la clinique n’était vraiment pas bon. Ils n’ont fait une radio que parce que j’ai insisté en leur disant que j’étais certain que ma clavicule était cassée, et heureusement qu’un des infirmiers parlait un peu le français. Je suis assez résistant à la douleur, donc ils pensaient que je simulais…La docteure m’a dit que je ne pouvais pas rester à l’hôpital, et que je pourrai aller voir un médecin lors de mon retour à Luxembourg. Une des infirmières avec qui j’ai sympathisé m’a expliqué après coup que j’avais eu beaucoup de chance, car lorsque je me levais, mon os cassé se déplaçait vers l’avant, et elle aurait pu frotter contre mon poumon. J’ai dû contacter un de mes collègues qui parle l’espagnol et qui a finalement convaincu la docteure de me donner de puissants antidouleurs par intraveineuse. Mais ils ne voulaient pas me garder pour la nuit, et j’ai donc insisté pour qu’ils me laissent partir afin que je trouve un hôtel.

Comment as-tu géré ton retour au Luxembourg ?

Steve Lemmer

J’ai contacté LAR afin qu’ils m’aident à trouver un hôtel, car je n’avais presque plus de batterie dans mon téléphone. L’établissement le plus proche se situait à 1,3 kilomètres et j’ai couvert la distance à pied. J’ai réussi à trouver une pharmacie pour acheter des antidouleurs et un magasin pour acheter quelque chose à manger, de l’eau et un chargeur. Le personnel de l’hôtel était très serviable, ils m’ont même aidé à mettre le beurre sur mes tartines du matin ! Le lendemain, je me suis mis en quête d’un endroit où trouver des vêtements. Je n’avais plus que mes bottes de moto, le pantalon de la clinique et un t-shirt. J’ai trouvé un Decathlon, à 1,8 kilomètres de l’hôtel. J’ai pris des antidouleurs et j’y suis allé à pied acheter quelques habits et des barres de céréales. En revenant j’ai essayé de prendre ma première douche depuis trois jours, et même si c’était très douloureux j’étais heureux de me laver et de retrouver une apparence convenable. Durant ces trois jours, j’étais en contact permanent avec LAR, qui m’a trouvé un vol, avec une ambulance pour me conduire à l’aéroport, ainsi qu’une place allongée dans l’avion. Je suis arrivé à Luxembourg un vendredi mais je n’ai pu être opéré que le lundi suivant, puisque les médecins n’avaient pas de disponibilités avant.

Quelles leçons tires-tu de cette aventure et quels sont tes projets pour la suite ?

Steve Lemmer

J’ai décidé d’arrêter les « Road Trips » à moto sur route. J’ai 28 ans d’expérience, mais cette aventure m’a convaincu de passer à autre chose. Je suis heureux de l’avoir vécue, malgré la météo difficile. Pour mes prochains voyages, je compte utiliser un camion 4×4. Cela offre un certain confort vis à vis du vent, de la pluie…Et trouver des logements pèse sur le budget et même si les prix restent raisonnables, ce serait plus rentable avec un camion. Par exemple, j’ai calculé qu’en comptant le logement, la nourriture et tous les frais, un jour moyen au Maroc me coutait 45 euros. Je pense également que le lien et le contact humain sont tout aussi possibles avec le camion qu’avec la moto. J’ai d’ailleurs déjà un camping-car, et les Road Trips recommencent en juin, alors nous verrons ce que ça donne !